Mag Péronne N°11

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Le chantier du siècle a commencé

Dans son édition du 3 octobre 2017, Le Monde écrivait : « Le canal Seine-Nord, 35 ans de débats et toujours pas un coup de pioche ! Ce projet, enlisé depuis plus une trentaine d’années, finira-t-il par aboutir ? » Cinq ans après, on peut répondre que le projet est matériellement en route !

« En 2017, 500 personnes se réunissaient à Péronne pour dire OuiAuCanal. Aujourd’hui, en ce 13 octobre, nous commençons à creuser le Canal Seine-Nord Europe » commente sobrement Xavier Bertrand, bottes, gilet rouge, casque blanc et pelle à la main. En guise d’un coup de pioche, ce fut en effet un coup de pelle que les élus et acteurs du chantier ont donné à Montmacq, dans l’Oise. Long de 107 kilomètres et large de 54 mètres, ce canal doit relier l’Oise, depuis Compiègne, au canal Dunkerque-Escaut, qui part de Cambrai (Nord).

L’objectif est de permettre un passage aux bateaux qui circulent sur la Seine afin qu’ils puissent avoir accès à toutes les voies fluviales belges et du Nord (20 000 km au total). Déjà, Napoléon avait songé à relier la Seine et la région parisienne au Nord, via l’Escaut, mais le canal Saint-Quentin, ouvert en 1810, puis le canal du Nord, créé 150 ans plus tard, n’ont pas suffi à absorber tout le trafic maritime.

En 1981, Michel Rocard relance le dossier mais il faudra attendre Nicolas Sarkozy qui, en 2011, finit par donner le feu vert à cette infrastructure censée être équipée de six écluses et de quatre plateformes multimodales. Mais, à nouveau, le montage financier, retarde les premiers coups de pioche qui auraient dû intervenir en 2012 pour une mise en service en 2017…

« Un projet bon pour l'économie, pour l'emploi, pour l’écologie »

Deux autres présidents de la République, François Hollande puis Emmanuel Macron, ont pris le relais, avec une kyrielle de promesses non tenues. Finalement, après un combat acharné des élus des Hauts-de-France, accompagnés par le préfet de Région Michel Lalande, le chantier du siècle est enfin une réalité. Les premiers coups de pelle ont donc été donnés à Montmacq, commune de 1 100 habitants. Il s’agit de démarrer le creusement du nouveau lit de la rivière Oise, sur le secteur initial du chantier entre Compiègne et Noyon. L’excavation du canal à grand gabarit débutera fin 2023.

« Aujourd’hui, on démarre le chantier, et personne va reboucher derrière nous » déclare Xavier Bertrand avant d’ajouter ceci : « Je le dis à tous les zozos qui ne sont pas ici aujourd’hui, le canal ce n’est pas juste pour faire passer des péniches ». Le président des Hauts-de-France fait référence à la formation et à l’emploi. « Pendant le chantier, jusqu’à 6 000 personnes y travailleront. Après l’ouverture à la navigation, les milieux économiques évoquent 20 à 30 000 emplois. J’en prends même que 15 000 et je serai content » assure celui qui s’est battu avec l’Etat pour lui « prendre » la société du canal, devenue un établissement public local.

Outre le volet emploi, le projet pharaonique de plus de 5 milliards d’euros laisse entrevoir un important développement du transit. Il permettra un report du trafic autoroutier sur l’eau, solution écologique de transport de marchandises. Enfin, le canal s’inscrit pleinement dans la lutte contre le réchauffement climatique. Même si lors d’une réunion publique, à Péronne, deux jours avant ce premier coup de pelle, des interrogations montaient encore de la salle « sur l’impact écologique et environnemental du projet ».

Pour les cadres de la société du canal, « le projet est le plus neutre possible en la matière ». « Eviter, réduire, compenser, ce sont nos trois mots clés » répond Ellody Coffin, directrice de territoire pour le secteur Santerre/Haute-Somme. Quant à l’emprise sur les terres agricoles, la même a aussi apporté une certitude. « On devrait aboutir au total à une diminution de moins de 1% des terres agricoles ».

✔ Prochaines réunions publiques : le 22 novembre à Moislains, le 24 novembre à Allaines, le 29 novembre à Etricourt-Manancourt… toutes à 18h30.

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L.M. – Péronne, le 26 octobre 2022