La Sainte-Catherine entre tradition, chapeaux et émancipation
Sainte-Catherine, célébrée chaque 25 novembre, tire son origine du culte rendu à Sainte-Catherine d’Alexandrie, une jeune érudite chrétienne du IVe siècle. Selon la tradition, elle aurait refusé d’épouser l’empereur Maxence. Elle fut condamnée au supplice de la roue, mais l’instrument se brisa miraculeusement avant qu’elle ne soit décapitée. Très vénérée au Moyen Âge, notamment par les philosophes, les étudiants et les jeunes filles, elle devint le symbole de la sagesse, de la pureté et de la foi inébranlable.
Au fil du temps, le 25 novembre fut associé non seulement à la mémoire de la sainte, mais aussi à une coutume populaire : les jeunes femmes célibataires de 25 ans, appelées “catherinettes”, se coiffaient d’un chapeau excentrique pour marquer leur célibat et exprimer, avec humour, leur souhait de trouver un mari. Elles portaient des chapeaux confectionnés spécialement pour l’occasion, aux formes souvent extravagantes et décorés de vert (symbole de sagesse) et de jaune (symbole de foi). Si cette coutume mettait en lumière la pression sociale qui pesait autrefois sur les jeunes femmes, elle constituait aussi un moment de convivialité et de créativité. Les catherinettes s’encourageaient mutuellement et affirmaient leur personnalité à travers leurs coiffes uniques.
La catherinette, reine d’un jour !
La figure de la catherinette apparaît à la fin du XIXe siècle : il s’agit d’une jeune femme célibataire de 25 ans qui “coiffe Sainte-Catherine”. D’abord liée aux modistes et aux couturières, elle devient vite le symbole de toutes les jeunes employées parisiennes : dactylographes, vendeuses notamment, qui fêtent ensemble leur patronne le 25 novembre.

Loin du cliché de la “vieille fille”, la catherinette incarne une jeunesse féminine active et indépendante. La Sainte-Catherine prend alors des allures de rite de passage, entre tradition et modernité : un adieu à la vie de jeune fille, mais aussi une fête collective où l’on s’amuse, où l’on se déguise de chapeaux excentriques, où l’on échange cartes et petits cadeaux.
Pendant la Première Guerre mondiale, beaucoup deviennent catherinettes par la force des choses, les hommes étant au front. Mais cette situation met aussi en lumière l’émancipation de ces générations de femmes, qui travaillent, sortent entre amies et revendiquent peu à peu le droit de choisir leur vie. Certaines féministes vont même jusqu’à transformer le célibat en affirmation de liberté ou choisissent un mode de vie sans époux avec parfois un amant ou un concubin.
Ainsi, le 25 novembre, la catherinette n’était pas seulement une célibataire en attente de mariage : elle était aussi une reine d’un jour, célébrée pour son esprit, son indépendance et sa créativité.
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Bapaume, le 27 novembre 2025


