Mag Lens-Liévin N°89

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Le Racing et la filière polonaise

Frankowski, premier de cordée

Arrivé sur la pointe des pieds dans le Pas-de-Calais, Przemyslaw Frankowski s’est rapidement intégré dans le collectif lensois. Remplaçant lors des trois premières journées, le joueur polonais est titularisé fin août lors de la réception de Lorient (2-2), avant d’enchaîner à Bordeaux (2-3). Face au LOSC, une semaine plus tard, la recrue artésienne, dans le onze de départ, rentre dans le coeur des supporters sang et or en débloquant la situation à un quart de la fin. Unique buteur, il permet au Racing de mettre fin à une disette de près de 16 ans face au voisin lillois.

Suffisant pour être adopté par le public de Bollaert – qui en fait son nouveau chouchou –, et pour que les médias évoquent avec lui un nouvel épisode de la saga des joueurs polonais ou d’origine polonaise en terre artésienne. Quinze ans après son compatriote Jacek Bak (2002 - 2005). Pourtant, avant qu’il ne signe en Artois, qui avait entendu parler de ce milieu de terrain polyvalent ? A l’aise également dans le rôle de piston, à gauche ou à droite. Qui récidivera quinze jours plus tard à Marseille (succès artésien 3-2). Pas grand monde en tout cas. Une belle pioche à mettre à l’actif de la cellule de recrutement du club lensois qui a été chercher cet international polonais de 26 ans du côté de Chicago en Major league soccer. 

Un joueur formé à Gdansk, où il a joué son premier match professionnel, et passé par le Jagiellonia Bialystok dont le maillot – et les couleurs – avec ses bandes horizontales n’est pas sans rappeler celui du Racing club de Lens, lors de la saison du titre en 1998. Avant de traverser l’Atlantique et de rejoindre en janvier 2019 une ville où réside… une forte communauté polonaise. En tout cas, depuis le début de saison, tout doucement, Przemyslaw Frankowski, Frankie pour ses partenaires et ses fans, est en train de faire son trou du côté de Bollaert. Déjà auteur depuis le début de l’exercice 2021-2022 de 4 buts et 4 passes décisives, ce droitier loué pour ses qualités techniques et humaines aussi bien par Franck Haise, son entraîneur, que par ses partenaires, est devenu un titulaire à part entière. Depuis sa première titularisation face à Lorient lors de la 4e journée, le 29 août, il n’a plus quitté le onze de départ.


Przemyslaw Frankowski, Joachim Marx, Jacek Bak

Une tradition bien ancrée

Lorsqu’on évoque les joueurs polonais qui ont écrit la légende du Racing club de Lens depuis sa création en 1906, ce ne sont pas les anecdotes qui manquent. Entre André Delelis, l’ancien maire de Lens et premier supporter du club, qui explique en 1973 dans une interview télévisée que « l’alliage de footballeurs français et polonais a toujours produit de bons effets dans la région », et Eugeniusz Faber qui dans le même document souligne qu’il ne peut pas apprendre le français, parce qu’à chaque coin de rue, lorsqu’il échange avec un supporter, il parle polonais, on comprend mieux pourquoi le club lensois a pu, dans son histoire étroitement liée à celle des mines de l’Artois, être un phare pour les joueurs du bloc de l’Est, polonais en l’occurrence.

« A l’époque du Rideau de fer, les joueurs pouvaient partir après 30 ans pour services rendus, se souvient Joachim Marx, arrivé en Artois en 1975. Ceux qui partaient, allaient là où il y avait des Polonais, ça pouvait être l’Australie ou Chicago aux Etats-Unis, mais il n’y avait pas de club professionnel, contrairement à Lens. » Rejoignant ainsi une forte communauté polonaise présente dans le Nord de la France depuis les années 1920, et qui a, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alimenté en joueurs talentueux les rangs de l’équipe professionnelle. Avec à l’esprit des garçons comme Wisniewski, Sowinski, Placzek, les frères Lech ou encore les frères Krawczyk. C’est Eugeniusz Faber, engagé par le Racing en 1971, en même temps ou presque que Ryszard Grzegorczyk, autre international polonais, qui parlera à ses dirigeants de Joachim Marx avec qui il avait évolué au Ruch Chorzow et en sélection nationale. 

Ce dernier arrivera de manière rocambolesque du côté de Bollaert, après une intervention du président de la République de l’époque Valéry Giscard d’Estaing et de son ministre de l’intérieur Michel Poniatowski, interpellés par André Delelis lors de la finale de Coupe de France face à Saint-Etienne en juin 1975. Joachim Marx débarquera quelques semaines plus tard, et s’offrira dès le lendemain un triplé face à Lyon. « Achou » marquera l’histoire du Racing et en deviendra même son entraîneur (1985-1988). « C’est vrai que pour nous, Polonais, signer dans une région où il y avait déjà beaucoup de compatriotes, ça facilitait notre intégration, développe t-il, mais ce n’était pas pour autant qu’on allait réussir, même si le public s’enflammait. »

Débarqueront après lui des garçons comme Maculewicz (1979), Ogaza (1982), Tlokinski (1983) ou encore Tobollik (1986) qui connaîtront des fortunes diverses sous le maillot lensois. Il faudra tout de même attendre 2002 et l’arrivée en provenance de Lyon de Jacek Bak pour assister « au premier vrai transfert d’un joueur polonais à Lens », se souvient encore l’ancien avant-centre sang et or. Lui qui proposera quelques années plus tard un certain Robert Lewandowski, jeune professionnel encore inconnu évoluant en D2 polonaise. Mais il sera retoqué.

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Lens, le 10 janvier 2022