Mag Lens-Liévin N°79

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Quand Bernar Venet met le Désordre

Marie Lavandier estime « qu’une exposition c’est aussi une rencontre. Entre une oeuvre et un lieu ! ». A quelques heures du vernissage de l’exposition « L’hypothèse de la gravité », la directrice du musée lensois était aux anges et n’en croyait pas ses yeux.

« Je l’ai rêvé, on l’a fait ! » Non seulement, elle blaguait avec son auteur, l’artiste Bernar Venet, et en plus, elle pouvait dialoguer avec l’oeuvre monumentale qui a envahi le Pavillon de verre et aussi avec le Désordre qui règne dans le parc du musée, au pied du géant Bollaert et de ses barres rondes d’acier.

Marie Lavandier a toujours souhaité que « son » Louvre-Lens, construit sur un carreau de mine, « soit habité ». Ou que « son » parc dialogue avec les terrils jumeaux. « Il est formidable de vivre avec des artistes vivants » répète-t-elle à l’envi. Alors on comprend mieux son large sourire lorsqu’elle présente « son » ami, Bernar Venet, connu mondialement pour ses sculptures métalliques monumentales ainsi que pour ses explorations sur la matière, ses capacités de résistance, ses réactions à la gravité.

L’hypothèse de la gravité

A 80 ans, le Niçois vient donc d’entrer au Louvre-Lens. Et avec lui 110 poutres d’acier corten, en forme d’arcs, de lignes droites et d’angles, pesant chacune une tonne. « J’ai demandé à mon usine d’ajouter du cuivre, du zinc et du chrome » précise l’homme de cette exposition monographique qui occupe le millier de mètres carrés du Pavillon. Les barres se croisent, s’accumulent, s’enchevêtrent, se chevauchent jusqu’à modeler leur espace d’apparition pour créer une surface nouvelle, encore inexpérimentée.

En écho à cet environnement entropique, une autre oeuvre composée de 10 faisceaux d’arc de 4,50 mètres assemblés sont figés en léger déséquilibre, statufiés, médusant de légèreté. Là encore, des tonnes et des tonnes d’acier corten posées sur le sol (4 tonnes par module), et en provenance du palais du Pharo de Marseille, « arrachées et transportées en pleine nuit en convoi exceptionnel ». « La mairie de Marseille voulait me garder encore un peu mais j’avais promis à Marie d’être ici dès le 9 juillet » raconte le propriétaire de la Maison du Muy, qui a vécu plus de 40 ans aux Etats Unis.

Bernar Venet a donc posé, au coeur du bassin minier, L'hypothèse de la gravité. « Mon installation, ici, peut être considérée comme la démonstration la plus aboutie de toutes les oeuvres que j’ai créées » reconnaît celui qui a pourtant posé un Arc majeur de 61 mètres de haut au km 99 de l’autoroute A4/E411, dans la province de Namur. « Cette oeuvre que je propose au Louvre-Lens bénéficie d’un héritage évident lorsqu’on pense à mes combinaisons aléatoires de lignes indéterminées de 1991 et même à mon tas de charbon de 1963 qui proposait de réaliser des sculptures sans formes spécifiques ».

A chaque fois, l’oeuvre est monumentale, mais son installation, aléatoire. Et comme Marie Lavandier lui avait permis « de se lâcher », Bernar Venet ne s’est pas privé. Les faits sont là. L’effet aussi !

✔ Au Louvre-Lens, jusqu’au 10 janvier 2022. Tous les jours sauf le mardi. Renseignements au 03 21 18 62 62 et sur www.louvrelens.fr

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LM – Louvre-Lens, le 13 juillet 2021