Mag Lens-Liévin N°65

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Abdelaziz El Youssoufi,
la danse au pied des terrils

Le danseur bullygeois est actuellement en résidence à Montigny-en-Gohelle, à l’Ecole Buissonnière, où il a été accueilli par la compagnie de théâtre Franche Connexion. Depuis la fin de l’été, il y répète deux créations, Chibani, qui raconte son parcours, et Fissa, qui traite du premier déconfinement. Avec à chaque fois beaucoup de poésie.

Abdelaziz El Youssoufi, 38 ans aujourd’hui, a passé toute son enfance à Bully-les-Mines, cité des Brebis. C’est là qu’il a commencé la danse hip-hop, à la Bergerie, un lieu d’accueil dédié aux jeunes. Très rapidement, quelques pas ont suffi pour le convaincre qu’il souhaitait en faire son métier. « Mais au milieu des années 90, c’était difficile de se projeter comme danseur », raconte-t-il. Lui et ses amis ont persévéré, et la municipalité les a aidés en mettant à leur disposition un prof de danse de la compagnie roubaisienne Dans la rue, la danse. Un déclic pour le jeune Abdelaziz !

« Je suis parti à l’aventure »

Des cours pendant plusieurs années, toute son adolescence, pas mal de concours, avec au passage la création du collectif Amalgam, son collectif, au sein duquel ce fils de mineur va se faire un nom... « De fil en aiguille, je suis devenu professionnel, et la compagnie Dans la rue, la danse m’a engagé pour donner des cours à mon tour », développe Abdelaziz El Youssoufi. Parallèlement, ce passionné de théâtre et de dessin commence à voyager « pas mal à gauche à droite », comme il dit, à l’étranger, notamment en Italie, en Grèce, au Paraguay, au Maroc, le pays où il a vu le jour, et même en Asie.
Partout où il pose ses valises, il danse, donne des cours, échange, fait de rencontres. Il va aussi s’arrêter à New York, à Harlem plus précisément, berceau du hip-hop d’une certaine manière. « Pour moi, c’était important d’y danser », reconnaît-il.

Mais Abdelaziz El Youssoufi donne plus de cours qu’il ne monte sur scène, et constate un manque. « Je sentais que j’avais besoin d’apprendre encore, explique-t-il. Alors j’ai quitté la compagnie, j’ai pris mon sac à dos, et je suis parti à l’aventure. » Une période au cours de laquelle il va multiplier les battles, mais aussi enrichir ses relations professionnelles et ses amitiés.

Il y a deux ans, Aziz Amalgam, son pseudo dans le milieu, est rentré chez lui. « J’ai toujours eu cette ambition de revenir ensuite pour construire quelque chose sur le territoire, confie t-il. La logique, c’était Bully, parce que c’est là où j’ai grandi. Il y a un ancrage très fort. Mon père a été mineur à la Fosse 7, à Ostricourt, du coup il y a ce lien à la terre, à ces terrils sur lesquels je m’amusais quand j’étais jeune, et je ne me voyais pas implanter ma compagnie puis mon identité artistique ailleurs.»

« Retrouver le public car j’en avais besoin »

Comment est venue l’envie de développer vos propres projets ?
« J’ai été interprète pour pas mal de metteurs en scène, mais depuis deux ans, j’écris mes spectacles que je développe à Bully, dans le bassin minier et plus largement dans la région. Pour moi, c’est hyper important. Actuellement, je travaille un solo de 50 minutes, qui s’appelle Chibani, qui raconte mon histoire artistique, mon envie d’être sur scène, pourquoi j’ai tant besoin d’être sur scène et de partager des choses. »

Vous travaillez parallèlement un autre solo...
« Effectivement, c’est Fissa, que j’ai imaginé à la fin du premier confinement, parce que, comme beaucoup d’artistes, je me suis énormément questionné sur le devenir de notre métier. Avec les structures qui ferment, je me suis demandé comment continuer à créer, tout en étant en accord avec la situation sanitaire. Du coup, j’ai monté une petite forme qui dure 20 minutes. Elle raconte comment j’ai vécu le confinement, mais pas du tout dans une démarche négative. »

C’est-à-dire ?
« Au contraire, j’ai pris le contre-pied en me demandant comment je pouvais m’amuser avec ce qui était devenu une habitude. J’ai mis mon imaginaire en action pour traduire ce moment dans la danse et pour que ça puisse faire écho au public. C’est une petite forme qui peut se jouer partout, dans les établissements scolaires, les centres culturels ou les salles des fêtes. Après, l’idée est de proposer un temps d’échange autour de cette thématique du confinement qui n’a été simple pour personne. Le but est d’aller au contact du public, de retrouver le public car j’en avais besoin. »

✔ Renseignements au 06 50 14 74 01 ou à compagnie.amalgam@gmail.com.
Facebook : Asiz Amalgam.

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LM – Lens, le 8 décembre 2020