Adrien Petit ne rêve pas d'un cyclisme 2.0
Adrien Petit enchaîne les bonnes performances en ce début de saison. Déçu par le report de Paris-Roubaix, le coureur de la formation vendéenne Total Direct Energie reste focalisé sur ses autres échéances printanières, même si les 4 Jours de Dunkerque (du 4 au 9 mai) ont été annulés ce mardi, sur décision du préfet de Région (1). Sans oublier le Tour de France que l’Arrageois pourrait disputer cet été quatre ans après sa dernière participation.
Comment sont les sensations en ce début de saison ?
« Il y a eu une bonne préparation qui a été réalisée cet hiver. Dès l’entame, je me suis senti vraiment bien. En termes de résultats, il n’y en a pas forcément, mais il faut prendre en compte que je suis à côté des meilleurs, et qu’il y a du travail d’effectué sur les courses au fur et à mesure. J’arrive à bien faire mon rôle, et j’en suis satisfait. Les sensations sont intéressantes, donc je pense qu’un jour ou l’autre, il y aura une petite récompense. »
Qu’attend-on de vous dans l’équipe ?
« C’est d’être près de notre leader Anthony Turgis, de l’épauler au mieux, de rouler aux endroits stratégiques, et de le placer sur la journée, c’est surtout ça. On a un leader attitré, et il faut qu’il ait le moins d’efforts à faire avant l’emballement final »
Quels sont vos objectifs cette saison ?
« J’aurais bien aimé figurer sur Paris-Roubaix. C’est la course qui, intrinsèquement, me convient le mieux, là où j’ai été chercher les plus gros résultats (10e en 2016 et 9e en 2017), mais il faudra attendre la rentrée maintenant. Ça faisait partie des objectifs de début de saison. Par rapport à mes qualités, je suis un coureur lourd, et sur les pavés, on va dire que je suis assez avantagé, sur les pavés plats encore plus. C'est une course très usante, et c’est vrai qu’après 200 kilomètres, il y a moyen de faire la différence. C’est vraiment là que la course se joue. Il y a toujours des ouvertures, et c’est ce qui fait que cette course me plaît. J’allais la voir quand j’étais gamin, et dès ma première participation, j’ai adoré. J’ai eu envie d’y retourner tous les ans. »
« Le cyclisme 2.0, cela ne fait pas vibrer ! »
Comment est-ce que dans l’équipe, on vit cette situation particulière ?
« On reste focalisé sur ce qui se maintient, sur les objectifs qu’on a. En amont, on a tous fait un gros hiver pour cette période très importante, et on essaie de ne pas penser à ça au quotidien. Il y a des courses qui arrivent, et il faut rester concentré, et ne pas s’éparpiller. On fera un point après. Mais on a hâte de retrouver le cyclisme comme avant, car le cyclisme 2.0 sans spectateurs, avec des tests PCR au quotidien, ce n’est pas ce qui nous fait vibrer. C’est sûr que maintenant, quand on arrive sur les pavés, qu’on entend le changement des vitesses et le vélo claquer, ce sont des bruits qu’on n’avait plus l’habitude d’entendre. Malheureusement, on doit en passer par là. »
Les 4 Jours de Dunkerque, une course que vous aimez, sont encore annulés...
« Je pense que je ne les ai jamais manqués avant cette pandémie qui nous touche. C’est une course qui a lieu dans la région, et ça me tenait à coeur d’être présent. Il ne faut pas oublier qu’après la campagne flandrienne, souvent il y a une coupure d’une semaine sans vélo qui se fait, et on reprend aux 4 Jours. Mais cette fois, ils ne sont pas au calendrier. Donc cela va entraîner des changements dans notre préparation. »
Le Tour de France, cette année, c’est un objectif ?
« Oui, mais ces deux dernières années, le parcours du Tour n’était pas vraiment adéquat pour un coureur de mon gabarit. Les deux dernières années, ce n’était donc pas un objectif d’y être, mais cette année, je ne cache pas que j’aimerais bien y retourner. Ceci dit, pour le moment, c’est bien trop tôt pour en discuter. C’est sûr que s’il y a une possibilité d’y retourner, je ne manquerai pas l’occasion. »
A 30 ans, avec votre expérience, comment voyez-vous la suite ?
« Avec les années, je me rends compte que je prends de la caisse, que j’évolue, que j’apprends aussi. Je connais les courses, je sais comment ça se passe. Je suis toujours motivé à 100 % pour aller m’entraîner, pour faire des stages d’hiver, pour partir en course. Ma motivation est restée intacte. Il ne faut pas oublier qu’un cycliste professionnel est parti quasiment 200 jours dans l’année. J’ai encore de belles années devant moi. Puis j’ai également envie d’apporter mon savoir aux jeunes qui vont arriver sur le circuit. »
On parle de vous comme un équipier modèle...
« C’est un rôle qui me convient parfaitement ! Ça a toujours été comme ça. Je préfère faire le travail pour un leader, plutôt que d’être désigné leader. De toute manière, ça s’est fait depuis que je suis professionnel. A un moment, c’est bien beau de faire des places, c’est toujours intéressant, mais quand on a quelqu’un qui a la possibilité d’aller gagner une grande course, on se doit d’être à 100 % autour de lui, et mettre de côté ses ambitions personnelles. »
(1) Le préfet Michel Lalande avait déjà décidé de reporter Paris-Roubaix faute de pouvoir assurer le huis-clos sur le parcours.
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Propos recueillis par Jean-Baptiste Allouard – Arras, le 20 avril 2021