Mag Arras N°18

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Confiné depuis 16 siècles !

Le sarcophage découvert en août dernier à Arras n’a pas encore livré totalement ses secrets. Mais depuis son ouverture, la semaine dernière, à la maison de l’archéologie à Dainville, on sait déjà que le squelette disloqué est celui d’un homme, entre 25 et 35 ans, mesurant 1,80 m.

Avant d’en dire un peu plus sur « cet individu » comme l’appelle les anthropologues appelés à son chevet, revenons au point de départ de cette découverte, en juillet dernier. C’est à l’occasion d’un chantier de fouilles préventives que des archéologues ont découvert un sarcophage de plomb de 400 kg datant du Bas-Empire (autour du IVe siècle après J.-C.). « Il faut savoir dès qu’on creuse le moindre trou à Arras, on trouve quelque chose » glisse Nathalie Delbart, vice-présidente du Département en charge de la Culture.

Une découverte exceptionnelle

Ce sarcophage de deux mètres de long, partiellement affaissé, reposait à 1,80 m sous terre depuis 16 siècles, rue Georges-Auphelle, dans un secteur géographique identifié comme une ancienne nécropole de l’ancêtre d’Arras. « On connaissait cette existence à cet endroit-là mais sur les 42 sépultures découvertes, une seule contenait un sarcophage en plomb » raconte Mathieu Béghin, l’archéologue de la Ville. Souvenons-vous que dans les années 50, on avait déjà découvert trois sarcophages, disparus depuis et « sans doute fondus pour récupérer le plomb » précise François-Xavier Muylaert, conseiller municipal délégué au Patrimoine et à l’Archéologie. Aujourd’hui, ce « cercueil arrageois » est le seul répertorié sur le territoire et il sera bien gardé. « Grâce à ce genre de découverte, l’histoire se reconstruit sans cesse. C’est merveilleux » ajoute l’élue départementale qui a hâte d’en savoir encore un peu plus « sur ce défunt mais aussi sur cette période du Bas-Empire ».

Des tâches rouges

La fouille et l’analyse des restes osseux ont donc permis de dire que le défunt, vraisemblablement un notable, avait une trentaine d’années au moment de sa mort. Le travail d’expertise scientifique a mené à certaines conclusions sur l’origine du décès. « Les traces rouges sur les côtes pourraient indiquer une hémorragie » indique Sophie François, la directrice de la maison de l’archéologie. Insuffisant pour Deborah Delobel qui va continuer « à faire parler les os. Il faut essayer de déterminer si les traces de cassures relevées sur les côtes peuvent expliquer l’hémorragie et surtout la mort » explique-t-elle.

Quant au sarcophage lui-même, il donne aussi des informations sur le défunt. « Il aurait appartenu à une certaine classe sociale, éventuellement un noble christianisé (en témoigne la croix de Saint-Jean sur les flancs du sarcophage) » avance Mathieu Béghin. « Car la plupart des corps étaient inhumés dans des cercueils en bois ou dans de simples linceuls ». Mais il arrivait aussi que des morts de maladies contagieuses soient enterrés dans des sépultures étanches pour éviter une propagation… Alors, le doute subsistera encore des siècles !

Exposé fin 2021

« Tout comme on ne connaîtra jamais l’identité de l’individu » ajoute, avec le sourire, le même archéologue, « car il n’existait pas de registre au IVe siècle ». Après sa fouille totalement achevée, le sarcophage (uniquement) sera transféré à Ribemont-sur-Ancre (Somme) pour y être restauré et consolidé par un spécialiste des métaux. Et une fois les droits de propriété transférés de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) à la ville d’Arras, le sarcophage, vidé évidemment de son contenu, pourrait rejoindre en fin d’année le palais Saint-Vaast. C’est en tout cas le vœu de François-Xavier Muylaert, l’élu arrageois en charge du « confiné du Bas-Empire ».

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LM – Arras, le 26 janvier 2021